L'enquete deuxième partie

L'audition de Paul Maillet, témoin capital dans l'affaire de Lurs, amena des éléments :

Gustave lui a déclaré que quand il avait trouvé l'enfant  « elle bougeait encore le bras »  il ne niât pas les faits, et fut condamné à deux mois de prison. Pendant son audition, en premier instance à Digne et en deuxième à Aix, il rajouta «  elle ronronnait ».

Gustave a donc bien trouvé un enfant agonisant, et non pas mort. Les médecins légistes sont formels, elle n'a pas pu survivre plus d'une heure. Si l'enfant a été tué comme ses parents à 1h10, Gustave ment sur son emploi du temps. 

Paul Maillet explique également qu'un jour où il était venu acheter des pommes de terres à Gustave, il lui dit, à propos du crime, alors qu'il ne lui avait rien demandé «  si tu avais vu, si tu avais entendu ces cris d'horreur, je savais plus où me mettre ! » -tu étais ou ? « j'étais là, devant dans la luzerne! »

A partir de ce jour là, Paul Maillet était persuadé que Gustave avait vu le drame, mais avait peur d'en parler. Après avoir fourni ses
explications, Paul Maillet fut l'objet de multiples tentatives d'intimidations. Il fut menacé par Gaston Dominici et un jour, alors qu'il
descendait de chez lui en motocyclette, il fut désarçonné par un fil de fer tendu en travers du chemin, il tomba près du canal d'arrosage et se fit très mal.

Voici le moment ou Paul Maillet montre l'endroit ou il se
trouvait, à la
Grand'terre, quand Gustave lui a fait son étrange confidence.













( Photo, deuxième enquête )

C'est sur ce chemin, qui descendait de sa maison, que Paul Maillet fut victime d'intimidations. On ne lui connaissait pas d'ennemi, mis à par les Dominici, le jour où il se mit a parler.

Voici la fameuse côte de Giropey ( ancien morceau de la RN96 ). C'est à cet endroit, vers 7h, que Yvette Dominici, à bicyclette, rencontre Aimé Perrin et lui demande de rappeler les Gendarmes qui tardent à venir.

Mr Perrin lui demandera « et que fait Gustave? » sa réponse :
« Il déjeune … »





A Gauche le chemin qui descend de chez Paul Maillet, au milieu le canal d'arrosage.


Revenons à l'enquête… Gustave vient d'avouer, il  explique que son frère Clovis est également au courant.
Amené au tribunal de Digne, Clovis Dominici est confronté aux aveux de son frère, mais il croit que  Sébeille bluffe, mais quand celui-ci se retrouve devant Gustave, il tombe dans ses bras et avoue à son tour.

«  Si Gustave a parlé, il n'y a pas de raison que je vous le cache plus longtemps, c'est notre père qui a fait le coup…. » ( voir Dépositions et page sur Clovis ).

Le Commissaire Sébeille a donc en poche les aveux des deux fils. Il envoie chercher Gaston, qui depuis le début des interrogatoires est à la Grand'terre. On l'amène au Palais de Justice. Son interrogatoire commence le Vendredi 13…

Gaston n'en dit pas plus, il ne parlera pas, en tout cas, pas ce soir là…

Au matin du 14 Novembre 53, le Commissaire Sébeille pose sur la table, devant Gaston, un exemplaire du journal «  le Provençal » et du « Méridional ». En gros titre,
L'aveux des fils:

« GASTON DOMINICI EST L'ASSASSIN DES DRUMMOND » Ses deux fils Gustave et Clovis ont reconnu qu'il était l'auteur de l'horrible tuerie…

Gaston pâlit, et se met a hurler que les assassins sont ses fils. Vers 10 Heures, après que Gaston se soit calmé, Sébeille quitte le tribunal pour accompagner le Juge  Périès à la Grand'terre, les fils doivent montrer au Juge où était cachée la carabine. C'est à ce moment que les photos sont prises. Les femmes du clan Dominici avaient lu les journaux et  se trouvaient à la Grand'terre,  l'accueil de la Police fut houleux.

A 14 Heures, le Commissaire reprend son interrogatoire dans la Salle du Conseil du Palais du Justice de Digne . Calme, Gaston dit qu'il ne
comprend pas pourquoi ses fils l'accusent.
Le procès verbal du Commissaire est clos à 18 heures.
Gaston reste seul avec un agent de police, Mr Guérino.
Mr Guérino parle le patois, une conversation s'engage entre lui et Gaston.

Gaston revient sur sa vie, sur son histoire.
Voici, tiré du livre du Commissaire Sébeille une partie de la conversation telle que la décrite l'agent Guérino à ses supérieurs, et au Tribunal où il déposera en 1954.
Guérino : Vous n'avez pas mangé ?
Gaston : Eh non… je n'ai pas faim, puis j'ai mal aux pieds…Cette affaire, elle me coupe l'appétit, je commence à en avoir assez. A mon age, je serais mieux dans mon lit. Toi tu es jeune, tu t'en moques. C'était le bon temps à la Grand'terre, tu sais combien je l'ai payée ? ..
Gaston parle ensuite de sa vigne, de sa terre… de ses problème avec la Marie, sa femme. Guérino est étonné de recevoir des confidences qu'il n'a pas sollicitées. Puis Gaston se met a pleurer.
Guérino, attendrit, lui dit : Si vous avez quelque chose à dire, il vaut mieux le dire tout de suite, à votre age, on en tiendra compte…
Gaston : Eh bé ouais, c'est un accident, ils m'ont pris pour un maraudeur … C'est moi qui ai tué les Anglais.. tout ça c'est à cause de cette saloperie d'éboulement. C'est pas trois morts qu'il y aurait eu si la micheline était arrivée. J'y ai été voir. J'ai pris mon fusil. Pourquoi je l'ai pris….Je suis allé au campement. L'Anglais ma sauté dessus. J'ai tiré...

Il est 19 Heures, et la garde de Guérino s'arrête à 20H.  Guérino demande à Gaston de dire cela au Commissaire Sébeille, mais il ne veut pas. Gaston demande a parler « au Président » il entend par là le Commissaire Prud'homme qu'il avait vu la veille.
Sébeille est prévenu, et on l'informe que Gaston ne veut pas lui parler.
Gaston répète donc sa première déclaration au Commissaire Prud'homme, puis consent a parler au Commissaire Sébeille.
Il donne ses aveux et détaille la nuit du 4 au 5 Août 52 ( voir PV d' audition ). Il y a des incohérences et des erreurs dans cette déclaration, nous y reviendrons.. mais Gaston y donne aussi des éléments que seul l'assassin pouvait connaître.

La cause étant entendue, Le Juge d'instruction décide de faire une reconstitution du triple crime. Elle aura lieu le 16 Novembre 1953. En effet il était impossible de la faire le 15, c'était un Dimanche et une foule de curieux avaient envahis les lieux. 

Gustave se dirige vers le petit hangar de la Grand'terre pour montrer au Juge
d'instruction l'endroit où était placée la carabine.

Pris séparément, Clovis désigna le même l'endroit.

Même s'il est a déplorer que Gustave et Clovis ont été conduit sur place dans la même voiture , et qu'ils ont pu communiquer ensemble tout au long du trajet. Leurs
déclarations étaient déjà faites, et on savait où ils allaient désigner l'emplacement de la carabine. 

Gaston, qui ne communiquera pas avec ses fils à ce sujet, désignera le même
emplacement lors de la reconstitution.